16.11.2013 / Usine à Gaz
Deportivo

Show information
www.deportivo.frVenue
Usine à Gazwww.usineagaz.ch
Tickets:
www.secutix.com

Cependant, l’heure est au « do it yourself », Jérôme, Richard, Julien l’ont bien compris et savent parfaitement que « le faire seul » implique invariablement d’être bien accompagné. Christophe Acker, camarade de toujours et réalisateur des clips du groupe propose alors de prêter sa maison bretonne pour y chercher de nouvelles idées. Ce sera donc près de Quimper, en bord de mer que les chansons de « Domino » verront le jour. Le titre de l’album semblant insinuer que les dix morceaux qui composent le disque sont nés d’une succession d’évènements, le premier domino à chuter sera donc Barclay. Les garçons voient au travers de ce licenciement prématuré, une occasion parfaite de renouer avec une liberté totale et une forme d’urgence dans la composition et l’écriture. L’avenir sera donc à nouveau incertain et la tentative, sans filet. Deux dominos chutent ensuite en parallèle, le groupe crée son propre label qu’il appelle Titanic Records, dont le nom évoque sans amertume et non sans humour les jours difficiles de l’industrie musicale.
Parallèlement Jérôme Coudanne, armé d’une envie non feinte de prendre ses distances avec le pessimisme ambiant, s’envole vers le Brésil et part pour un périple de quelques semaines à travers l’Amérique du Sud. On l’entend perdre la voix sur : « You’d better run ! » dans la chanson « Personne N’arrive A l’Heure ». Un besoin de s’en aller symbolisé par le troisième morceau de l’album, « En Ville », dans lequel il chante « Qu’on soit à San Telmo, à Lapa, je nous vois, tous les trois, en exil ». Le quatrième domino tombe alors et on a soudain l’impression de se retrouver propulsé dans la chaleur des rues de Rio ou de Buenos Aires. Cette chanson sonne comme le bambin enfumé d’une union improbable entre Manu Chao et le groupe anglais vintage The Corals.
Les trois musiciens, définitivement « obsédés par la brise » sont donc toujours déterminés à chercher une fraicheur nouvelle à chaque album. Romain Turzi, compositeur ingénieux et vieil ami du groupe, offre au travers d’un orgue GEM, la possibilité aux garçons d’incorporer un son inédit à leurs compositions, une couleur voisine de celle de groupes des années soixante comme The Animals ou The Seeds. Ceci étant particulièrement remarquable dans la chanson « Dans Ta Chambre » où le clavier emporte l’auditeur dans un psychédélisme qui n’est pas sans rappeler les Doors, avec ce petit quelque chose d’une BO de Tarantino. Deportivo nous fait voyager et les sons se teintent de l’énergie de ses débuts. L’idée de ne plus rien avoir à perdre, l’éventualité d’avoir à couler avec le navire façon Titanic mais en continuant à jouer jusqu’à la fin : « vouer sa vie à la machine et dire qu’avant c’était plus beau. Oh quand bien même, on saura s’en amuser ». Le retour d’Arnaud Bascuñana derrière les manettes, ingénieur du son foutraque et terriblement efficace de « Parmi Eux » coïncide avec le retour des guitares plus en avant. Il concocte là un son se rapprochant de celui du premier album mais avec cette fois plus de velouté et une qualité d’arrangements recherchée et acquise par le groupe sur « Ivres Et Débutants ». La couleur générale du disque met en valeur un orchestre de trois musiciens désormais capable de maitrise. Au-delà du son en lui-même, l’album apporte aussi son lot de nouveautés avec l’apparition de paroles chantées en anglais dans des chansons majoritairement écrites en français, au travers aussi de morceaux presque atmosphériques comme « Both On The Same Boat » ou de structures insolites et alambiquées comme sur « Pourquoi Devrais-Je ? » ou « Imbéciles ».
De fin, il en est question sur la dernière chanson de l’album : « Mais quand vas-tu te décider à m’inviter à ne plus revenir chez toi ? » en forme de question ouverte à un(e) ami(e), aux fans du groupe ou au système tout entier, qui sait ! Toujours est-il qu’en entendant là du rock d’ici joué avec tant de coeur, et en ces temps interminablement ternes, la musique de Deportivo est une cure de foi et devient à nos oreilles un naufrage joyeux plein de combativité et de poésie.
Go back