07.07.2015 / Festival de la Cité

Moodo

Show information
http://moodoid.com/
Venue
Festival de la Cité
Festival de la Cité:
http://www.festivalcite.ch

Tickets:
Free entrance

Le monde Möö, premier album de Pablo Padovani alias Moodoïd, est un tel genre de conte merveilleux : un récit ini- tiatique, mystique et amoureux agencé comme un livre pour enfants et oiseaux, plein de pop-up et de surprises, de changements de rythmes et d’états. C’est un monde mol et savoureux, plastique et goûteux, une lune en fromage où le feu est bleu et où les garçons veulent de la magie, une planète toute neuve, que le jeune Pablo (24 ans) nous invite à explorer, tels de nouveaux Can- dide, dans un fantastique périple musical.

Le EP introductif – Moodoïd - sorti il y a tout juste un an et mixé par Kevin Parker (Tame Impala) dévoilait d’un trait les multiples facettes du groupe, entre néo-psychédélisme, glam-rock et expérimentations pop, évoquant tour à tour les hallucinations de Gong, les envolées de Robert Wyatt ou les rêveries de Connan Mockasin. Plébiscité par la presse nationale et internationale (notamment le Guardian et le NME en Angleterre) et faisant même la une du Monde pendant les Transmusicales de Rennes, ce premier disque révélait par la même occasion les talents de réalisateur de Pablo, officiant devant et derrière la caméra pour le clip surréaliste et gourmand de Je suis la montagne, et celui, bollywoodien en diable, de De folie pure.

Après ce 4 titres en forme de fusée, Le monde Möö sur lequel on atterrit semble tout droit sorti d’une fantaisie de Mélies ou d’une fantasmagorie exotique en cinémascope, pleine de détails colorés, de personnages burlesques et de paysages lysergiques. Pablo nous y guide et nous charme de sa voix claire, aussi ambigu et démesuré que Ziggy Stardust, aussi chic et français que Polnareff. Et tel un petit Prince pailleté et enturbanné, il s’est entouré - outre les trois musiciennes virtuoses qui l’accompagnent sur scène - d’une constellation de talents amicaux : Riff Cohen (qui chante entre autre sur le hit dadaïste La lune), Maud Nadal, Melody Prochet (Melody’s Echo Chamber), Didier Malherbe (Gong), Gilles Andrieux (spécialiste d’instruments turcs) Vincent Segal (violoncelliste chez Bumcello), Benjamin Glibert du groupe Aquaserge ou encore son propre père, le jazzman culte Jean-Marc Padovani.

Réalisé et mixé par le franco-américain Nicolas Vernhes - qui a travaillé avec le gotha de la scène new yorkaise (Animal Col- lective, Dirty Projectors...) mais aussi Dominique A- secondé sur le seul titre en anglais (Yes & You) par l’ami Kevin Parker, Le monde Möö est un rêve de pop progressive et asymétrique qui rompt avec le systématisme occidental des mesures à quatre temps (on passe ici aisément du 6/4 au 5/4 pour revenir au 4/4), tout en restant mélodieux et fluide. Aussi cannibale de genres musicaux (pop, jazz, funk, electro, world) que put l’être le tropicalisme des Os Mutantes, Moodoïd hybride époques et géogra- phies, de l’Occident pop à l’Orient traditionnel (Asie, Iran, Turquie...), mélangeant Saz, Ud, Duduk ou Cuica aux synthétiseurs analogiques, violoncelles ou guitares électriques, passant le tout dans des cabines d’échos tournoyants et vibratiles. Son ambi- tion ne connaît pas de limites, à l’image de la stéréo du disque, qui semble s’étendre à l’infini.

« Tu Tombes à la renverse, et tu es bien » nous chuchote Pablo sur Les chemins de traverse. Pleines de mystères et d’harmonie, à la fois immédiates et longues en bouches, les dix chansons qui composent Le monde Möö sont autant de comptines roman- tiques, danses avec le feu, promenades sous la lune. Elles résonnent comme des invitations dio- nysiaques au voyage, clés des songes, portes vers l’Orient, un Orient sensuel, notre Orient intérieur, qu’il nous reste à retrouver. Nous sommes tous le Simurgh.



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