10.02.2016 / Festival Antigel

Nicolas Godin

Venue
Festival Antigel
Festival Antigel, Geneva:
www.antigel.ch

Tickets:
On sale between the 9th and 12nd of December
https://antigel.ch/spectacle/nicolas-godin/


L’inspiration peut venir d’une multitude d’endroits. Lorsque l’étudiant en architecture et amateur de musique a enregistré sa première chanson au milieu des années ’90 il s’est inspiré du pionnier de l’architecture moderniste, Le Corbusier. Le groupe qu’il a formé avec Jean-Benoît Dunckel a pour nom l’acronyme de Amour, Imagination, Rêve et AIR a imaginé un monde merveilleux tiré de la pop moderne, de musiques de films et de pop plus rétrospective (soft rock, exotica, eurodance des années ’80, yé-yé) pour créer un mélange unique. Le dernier album studio du groupe, Le Voyage dans la Lune, était une B.O alternative du classique du cinéma muet de 1902 de Georges Méliès.

Aujourd’hui Godin, pour son premier album solo, est allé chercher encore plus loin dans le passé pour aller de l’avant. Sur la dernière tournée de AIR en 2010, après leur album de 2009 Love 2, Godin s’est trouvé dans une impasse. « Je me suis aperçu que la musique ne prenait plus qu’une petite place dans mon quotidien », se souvient-il. « Et tous les jours de cette tournée se ressemblaient. J’étais devenu ce que Glenn Gould appelait ‘un singe voyageur dans le cirque musical’… »

Glenn Gould : « Un nom mythique », souligne Godin. Le pianiste Canadien avait un talent extraordinaire mais aussi des disciplines excentriques et des obsessions, l’une étant l’œuvre du génie musical Johann Sebastian Bach. Une des disciplines les plus importantes du maestro Allemand du 18ème siècle était le contrepoint, soit le rapport entre des harmonies interdépendantes qui gardent leur indépendance dans le rythme et le contour.

Godin : « Un ami musicien m’avait parlé des deux documentaires de Bruno Monsaingeon sur Gould, La Retraite et L’Alchimiste. J’ai regardé Gould, l’un des meilleurs musiciens de tous les temps, jouer la plus belle musique de tous les temps, Bach. Je pense que la façon extrêmement personnelle dont Gould interprétait Bach défie toutes les règles normales de la performance, ce qui pour moi crée une nouvelle forme artistique. J’ai été immédiatement attiré par cet univers mystérieux et inaccessible que j’ai voulu explorer en rentrant à Paris ».

Le résultat final est Contrepoint, un album éblouissant qui mêle les fusions musicales habituelles de Godin avec la musique classique, emportant l’auditeur dans de multiples voyages audacieux, souvent au cours du même morceau, avec le contrepoint comme l’un de ses nombreux points d’orgue. Cet album est remarquablement varié au niveau du ton et du rythme, réunissant les genres avec une vigueur audacieuse et une sensualité enveloppante, avec une variété d’histoires lyriques en plusieurs langues et un casting d’intervenants tout aussi international, comme le chanteur Gordon Tracks, le chanteur Brésilien Marcelo Camelo, l’écrivain Italien Alessandro Barrico, le guitariste Néo-Zélandais Connan Mockasin et la chorale du F.A.M.E’S Project de Macédoine. Mais la force qui unifie Contrepoint reste Johann Sebastian Bach. Chaque morceau de l’album prend sa source dans une pièce de Bach, avant de passer à tout autre chose. Glen Gould est aussi présent, plus comme un guide spirituel que dans la composition. L’influence prédominante de Contrepoint est Godin lui-même, composant avec un nouveau niveau d’inspiration, structurel et émotionnel en même temps.

Bien que le duo AIR ne se soit pas séparé, après sept albums studio, Godin dit : « On ne se surprenait plus, comme c’est le cas pour la plupart des groupes qui sont ensemble depuis dix ans ou plus. Le plus grand challenge pour n’importe quel artiste est de trouver une raison de faire de la musique, parce qu’il existe déjà une quantité d’albums. J’ai dit ce que j’avais à dire avec AIR et j’avais envie de revenir au monde classique, de grandir musicalement ; de me renouveler ».

Même à ce stade de sa carrière et de sa vie, Godin a pris des cours de piano pour aller plus loin dans l’apprentissage de Bach. « Il est partout, la source de tellement de musique », dit-il. « J’ai étudié comment la musique de Bach fonctionne, et comment ses mélodies et ses accords sont structurés. Je ne pensais pas à un album solo à ce moment-là, juste à mieux jouer du piano, parce que je n’arrivais pas à jouer Bach assez bien. Mais je voulais aussi vraiment que les gens – pas juste le publique classique mais mes enfants et mes amis – entendent les mêmes magnifiques choses que moi ».
 
Godin a décidé d’enregistrer des pièces de Bach, « mais pas pour faire un disque de Bach avec des sons modernes, je ne voulais pas faire un disque à la Wendy Carlos ; elle l’a déjà fait brillamment dans les années ’70. Le challenge est de faire quelque chose d’innovant, puisque tout a déjà été fait ! Mais quand j’ai entendu Glenn Gould expliquer comment explorer et transformer le passé, c’était exactement ce vers quoi je tendais ».
 
Godin a entamé une période de transformation, « en prenant des segments de partitions de Bach, et en créant de nouvelles parties », se souvient-il. « Parfois il ne restait que trente secondes de la musique originale de Bach. Et au cours de ce processus, je me suis rendu compte que j’avais créé un album solo ! Mais c’est plus un hommage à tous les grands compositeurs qui m’ont inspiré. Faire un album sur Bach crée un lien vers tous les compositeurs qui ont écouté Bach ».

Godin a travaillé au Studio de l’Atlas de AIR en tandem avec le co-auteur, arrangeur, claviériste et spécialiste de Bach Vincent Taurelle et s’est retrouvé avec huit morceaux…





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